Allongée dans l’herbe
Je l’écoute chanter
Il faut écouter attentivement
Écouter à s’en faire mal

L’entendre murmurer
Doucement, doucement
Pointes effleurées par le vent
Comme tes caresses

Dans me cheveux
Elle susurre des histoires
De soleil, de nuits noires
De matins de rosée

Montre-moi
Ton miroir magique
Qui dévoile
Le cœur des êtres

Prête-moi
Ta carte secrète
Qui montre le chemin
Du royaume caché

Pour quelques instants
Je ne serai plus perdu
Comme toi, je verrai
Le monde inversé

Comme toi, je regarderai
De l’intérieur

Le vieux tracteur
Ne veut pas démarrer

La sécheresse continue
Virus ou pas virus

La terre doit être travaillée
Les blés doivent pousser

Sur terre de mon père
Et du père de mon père

Télétravailleur ou agriculteur
Nous mangeons le même pain

Mon âme emprisonnée
Par une chaîne de tes cheveux
Tissée autour de mes poignets
Et de murmures de « je te veux. »

Non, je ne sais plus dormir
Je ne sais plus même voir
Sans me sentir ligoté
Empêtré de boucles noires

Bâillonné par le rouge de tes lèvres
Qui répètent mon nom

Aveuglée par la lumière
En sortant du cachot

Tu te gorges de jour
Tu t’émerveilles du soleil

L’ennemi s’est enfui
Le camp est désert

Tu t’agrippes au ciel
Pour qu’il te fasse l’amour

Tu vois sans comprendre
Les regards des autres

Comment pourraient-ils savoir
Que tu n’as jamais été prisonnière

Que tu n’étais pas prisonnière

J’ai voulu partir
M’en aller au loin
Mais le lendemain
J’en suis toujours
Au même point

J’ai voulu te quitter
Une fois encore
Mais au matin
Je me retrouve
À tes cotés

J’ai voulu exister
Que de et par
Moi-même
Mais je n’ai
Rien à dire

Sans toi, sans toi,
Je ne suis que moi

Embrasse-moi le matin
Colle tes seins sur mon dos
Pose tes mains sur les miens

Quand reviendras-tu
Me souffler dessus
Me tenir, me faire sentir

Aimée, aimée
La plaie entre mes jambes
Va se refermer

A mes cotés, il dort
Il dort, j’ai froid
Je te veux toi, pour

M’embrasser le matin

Prends ma dernière cigarette
Je vais jeter le paquet

Merci d’être venue me voir
J’ai été parti trop longtemps

Bois mon dernier verre
Il faut finir la bouteille

Je vois que tu as refait ta vie
Je suis heureux pour toi

Joue ma dernière carte
Je sais, j’aurais du faire tapis

Le concierge de l’hôtel
Te reconnaît
Tu me jures
Que tu n’es jamais venue

La chambre est étroite
Les murs sont rouges
Tu passes devant le miroir
Sans laisser de reflet

Les auras des couples
Qui nous ont précédé
Sont encore là

Je t’y vois
Mais ne me trouve pas
Où tu me veux

Ton sourire du matin
Illumine la pièce
Un soleil qui se lève
Joyeux et mutin

Comme un lys qui s’ouvre
Dans la pénombre
Tu m’inondes
Quand tu te découvres

Ton sourire du matin
Me met de bonne humeur
De bonne heure

Au creux de ma main
Je le garde toute la journée
Pour le regarder